Page 112 - Partitions De Leon
P. 112
PRESENTATION PAR MONSIEUR LE GRAND RA..BBIN JOSEPH COHEN
DU RECUEIL LITURGIQUE DU RITE PORTUGAIS COLLIGE
ET NOTE PAR
MONSIEUR SALOMON FOY.
M. joseph COHEN, Grand Rabbin de Bordeaux, de passage à Paris, a bien voulu nous présenter lui-même ce recueil en le commentant.
« Dès le début, nous dit-il, en feuilletant l'ouvrage, nous trouvons un air d'une beauté unique. Il s'agit du final de Bamé Madlikinn, récité par les enfants qui font leur Bar-Mitzwa, ou« Prière», comme nous disons à Bordeaux.
« Dans le Kaddich, des airs spéciaux annoncent un mariage ou une circoncision dans la semaine : c'est là une tradition propre à la synagogue de Bordeaux.
« Voici, poursuit-il, une série d'airs anciens des différents Raou Banim et de l'Achquibénou, sorte de berceuse qui peut se traduire ainsi : « Permets-nous, ô notre Père, de dormir et de nous lever en paix». Suivent des récitatifs incom-
parables qui tiennent constamment l'assemblée en haleine et la font participer a l'office du début à la fin. L'appel à la Loi des Hatanim, « nouveaux époux », et la lecture spéciale qui leur est réservée, se chantent sur des airs d'allégresse remarquables. Voici encore les chants qui accompagnent la rentrée de la Loi, notamment le Séou Chéarim, véritable « élévation » des âmes avant la clôture de l'Arche Sainte. 1
Puis vient l'office de Minha; ici, nous avons le Ené ho!, qui termine le Psaume 45 : « Toutes les créatures ont les yeux levés vers Toi, et Tu leur donnes leur pâture en son temps », dont Racine s'est inspiré.
<( En abordant l'office du samedi soir, nous trouvons un ensemble d'airs folkloriques, à commencer par Amar Adonaï; pour finir par Bézé Mikdach Méat, spécial à Bordeaux et à Bayonne « Dans ce petit sanctuaire, etc. », sans omettre Eloïm is'adénou. » Et voici le Psaume du soir de Pâque, ouverture solennelle aux accents impressionnants. Dans le Kaddich, air ancien, on évoque le premier soir l'une des variantes des Cantiques de la Rosée que l'on chante le lendemain : « Va-t'en en paix, pluie... Viens en paix, rosée 1 >> Mais il faut surtout mentionner l'annonce de la fête, air grandiose qui remonte aux temps antiques où, sans doute, on proclamait les fêtes solennelles par la bouche des hérauts. C'est maintenant le Halle! qui est la mise au point parfaite d'un fonds commun appartenant à toutes les communautés séphardis de tous les points du globe.
Les airs de Tich'a Béab - sans orgue, évidemment, puisque ce sont des chants de deuil - dont certains s'apparentent aux chants grégoriens, sont principalement destinés à l'interprétation vocale.
Et nous voici enfin aux offices de Roch-Hachana et Kippour, de Ar'hot Ketana à la Ne'ila et il y a tant de richesse dans les mélodies traditionnelles que l'on serait embarrassé pour en fixer les points culminants... Peut-être, les Zor'hénou et la Bénédiction Sacerdotale, air spécial, mais il y en a tant d'autres, et surtout le Keter qui est un peu pour le rite séphardi ce que le Ko! Nidré est pour le rite aschknazi.
Et, s'animant en traitant ce sujet qui lui tient si manifestement à cœur, le chef spirituel de la Communauté de Bordeaux conclut : « On trouve dans la vieille métropole du judaïsme séphardi de France un ensemble de traditions et de rites, une liturgie (chants et récitatifs), un protocole synagogal (discipline, ordre et tenue) en un mot tout un trésor sacré de biens incorporels, conservé intact comme nulle part ailleurs. Et nous avons tenté ainsi de fixer la tradition qui, répétons-le, reflète le visage du judaïsme séphardi de l'Espagne de la grande époque, dans ses traits caractéristiques les plus purs et les plus authentiques ... »
11 1 ;n
l1 n □ :0 i\
10 1
!D ID lO
1u tu lu lo lu 10